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SPIRIT OF METAL, France [16/20]

10/17/2012
Erase And Reborn The Humanity
2012, Metal Scrap Records.
[...] détenir les clés de la pérennité d’un style ayant de grandes lacunes pour se renouveler…

E.A.R.T.H 
La Terre. Notre centre vital, notre espace de vie communautaire, notre symbole d’existence et de soi. Mais également, et surtout dans le cas nous intéressant, acronyme de la destruction ultime et de l’éradication terminale de notre espèce. 
"Erase and Reborn the Humanity". Effacer et faire renaitre l’humanité…repartir des flammes encore ardentes, renaitre à partir de cendres encore fumantes pour ne jamais complètement oublier. Garder un lien du passé pour perpétuer la peur du présent dans l’avenir. 

C’est ce symbole qu’a voulu mettre en exergue Sectorial, quartet ukrainien des plus vindicatifs sortant aujourd’hui son premier album. En reprenant également l’image de l’ouroboros (le serpent se mordant la queue) dans l’artwork, Sectorial évoque cette boucle infinie et salutaire, ne fermant mais n’ouvrant jamais la porte sur l’extérieur, pour solidifier cette thèse d’une renaissance sur des bases différentes mais aux acteurs identiques. 
Ambitieux concept pour un premier album, après quelques démos, que c’est imposé là le groupe ukrainien. D’autant plus imposant que la tracklist présente vingt-deux compositions originales, plus une reprise, pour une durée totale de quarante-cinq minutes. On devine dès lors que l’agression sera constante et très soutenue. 

Officiant à la base dans une sorte de grindcore, Sectorial est aujourd’hui plus proche d’un metal extrême entre le death, le core et les nouveaux groupes brutaux qui ont émergés avec The Dillinger Escape Plan, encore et toujours eux. Il est évidemment difficile de sortir du lot les titres puisque tout s’enchaine très vite, provoquant une très forte cohésion d’ensemble et une rage primaire des plus brutales. On pourrait presque parfois penser à un Slayer déluré, notamment dans le chant, qui jouerait à une vitesse trois fois supérieur et avec des cassures rythmiques bien plus techniques et incontrôlées que les américains. 
Néanmoins, si les compositions sont majoritairement sans répit ni concession, elles se rejoignent autour d’un thème commun, d’une entité propre qui permet justement à "E.A.R.T.H" de posséder une unité cohérente. Cela passe par les riffs, les mélodies mais aussi les arrangements ethniques apportant énormément d’originalité à un genre musical, il est vrai, pillé dans tous les sens depuis quelques années. De "Cahe with No Limits" à l’ultime "The Exhausted" en surplombant les ultras brutaux "The Unknown", "Thy New Horizon" ou encore le plus technique et ciselé "Stolen Words", tout se recoupe dans une cohérence parfaite pour donner cette sensation d’unité, de frappe dans une même direction, d’équité et de compréhension dans la violence. Mais justement, à l’intérieur de cette violence, il y a les paysages de beauté et de nature, halo de calme et de volupté dépeints dans cet horizon sombre et chaotique. 

Par l’intermédiaire d’une flute de pan, d’instruments étranges à la résonance l’étant tout autant, se rapprochant du didgeridoo ou des ambiances tziganes, Sectorial parvient à toucher l’auditeur en insufflant de la grâce, un semblant de beauté et d’espoir dans ce chaos perpétuellement violent. Il y a d’abord ce "Before the Silence Come", à base de chants d’oiseaux et des bruits de la nature, évoquant par exemple les incartades naturelles de Shaman. Il y a également les sons samplés et spatiaux de "Too Much ?" apportant une coloration nouvelle au concept, la flute de "Stolen Words" qui ralenti le tempo jusqu’à la rendre hypnotique, revenant mais avec des aspects presque folk sur la surprenante "Flaw of Law". 

Sectorial livre un album à la fois accessible mais dont les prises de risques sont réels, et lui permettent de se démarquer des trop nombreuses copies conformes que l’on trouve dans ce genre de metal extrême déluré et très technique actuellement très prisé des jeunes formations. En créant un concept fort et mature et en utilisant des éléments de sa culture pour enrichir la musique, le quatuor livre un album solide et intéressant à plus d’un titre, qui est malheureusement trop inaperçu dans nos contrées, probablement, une fois de plus, faute à un manque de moyen de communication. Il est pourtant évident que le groupe a des choses à dire, et qu’à l’avenir, elles pourraient se révéler cruciales et détenir les clés de la pérennité d’un style ayant déjà de grandes lacunes pour se renouveler… 

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